Faut-il éliminer le stress

Mis à jour le 31 janvier 2022

Conférence de Kelly McGonigal

Faut-il éliminer le stress ? Est-il vraiment un ennemi ?

Vous pouvez retrouver la video de cette conférence sur l’excellente chaîne de Youtube TED.

Traduction par Valérie Pasquier pour « apprivoiser son stress » et « www.sophrologie-au-quotidien.com »

Kelly McGonigal

J’ai un aveu à vous faire mais tout d’abord je vais vous poser une question :

Dans le passé avez-vous ressenti du stress de manière légère…., moyenne…, plus importante ?

Moi aussi …

Mon aveu le voici, je suis psychologue de la santé et mon rôle est d’aider les personnes à être plus heureuses et en meilleure santé, mais je crains que quelque chose que j’ai enseigné ces dix dernières années fasse plus de mal que de bien, et cela à avoir avec le stress.

Pendant des années j’ai dit aux gens que le stress les rendait malades, que cela augmentait tous les risques, d’attraper un rhume aux maladies cardiovasculaires.

En fait j’ai fait du stress l’ennemi. Mais j’ai changé d’opinion et j’aimerais aujourd’hui vous faire changer d’opinion aussi. Laissez-moi commencer par l’étude qui m’a fait revoir mon approche du stress.

Cette étude à enregistré le suivi de 30’000 adultes aux USA pendant 8 ans,

Une première question était posée aux personnes suivies dans cette étude sur la quantité de stress qu’elles avaient subi l’année précédente, il leur a aussi été demandé si elles croyaient que le stress était mauvais pour leur santé.

La mauvaise nouvelle d’abord : les personnes qui avaient subi un stress important avaient 43% de risque accru de mourir, mais cela n’était vrai que pour ceux qui croyaient aussi que le stress était mauvais pour leur santé. Ceux qui avaient vécu un niveau de stress important mais ne voyaient pas le stress comme un risque pour leur santé avaient en fait le risque le plus bas de l’étude, plus bas même que celui des personnes qui ne vivaient qu’un stress très léger. En partant de cette base on peut dire que pendant les huit ans de l’étude, 182 000 des personnes moururent prématurément aux USA, non pas du stress, mais de la conviction que le stress était mauvais pour leur santé. Ce qui représente plus de 20’000 décès par an, ce qui, si cette estimation est correcte fait de la conviction que le stress est mauvais pour la santé la 15ème cause de mortalité aux USA, tuant plus que le cancer de la peau, le SIDA ou les meurtres!

Mois qui avait dépensé tant d’énergie à dire aux gens que le stress est mauvais pour leur santé !

Cela m’a fait me poser la question suivante : changer la manière de penser au stress peut-il améliorer notre santé ?

La science répond « oui », changer notre opinion au sujet du stress, change la manière dont notre corps répond au stress. Voilà comment cela fonctionne : vous allez maintenant imaginer que vous participez à une étude destinée à vous stresser appelée le test de stress social, dans cette étude, vous devez venir au laboratoire et on vous demande d’improviser un exposé de 5 minutes sur vos faiblesses personnelles devant un pannel d’évaluateurs experts assis devant vous et pour s’assurer que vous ressentez bien la pression, vous êtes en pleine lumière, une caméra vous filme et de plus les évaluateurs ont été entraînés pour vous donner des signes non verbaux décourageants (bras croisés, visage fermé, moue désapprobatrice, soupirs…), maintenant que vous êtes suffisamment démoralisés, le temps est venu pour un test de maths pendant lequel l’examinateur a pour mission de vous harceler.

Les responsables de l’étude ont ensuite utilisé les données administratives pour voir qui était décédé pendant les 8 années suivantes.

La mauvaise nouvelle d’abord : les personnes qui avaient subi un stress important avaient 43% de risque accru de mourir, mais cela n’était vrai que pour ceux qui croyaient aussi que le stress était mauvais pour leur santé. Ceux qui avaient vécu un niveau de stress important mais ne voyaient pas le stress comme un risque pour leur santé avaient en fait le risque le plus bas de l’étude, plus bas même que celui des personnes qui ne vivaient qu’un stress très léger. En partant de cette base on peut dire que pendant les huit ans de l’étude, 182 000 des personnes moururent prématurément aux USA, non pas du stress, mais de la conviction que le stress était mauvais pour leur santé. Ce qui représente plus de 20’000 décès par an, ce qui, si cette estimation est correcte fait de la conviction que le stress est mauvais pour la santé la 15ème cause de mortalité aux USA, tuant plus que le cancer de la peau, le SIDA ou les meurtres!

Moi qui avait dépensé tant d’énergie à dire aux gens que le stress est mauvais pour leur santé !

Cela m’a fait me poser la question suivante : changer la manière de penser au stress peut-il améliorer notre santé ?

La science répond « oui », changer notre opinion au sujet du stress, change la manière dont notre corps répond au stress. Voilà comment cela fonctionne : vous allez maintenant imaginer que vous participez à une étude destinée à vous stresser appelée le test de stress social, dans cette étude, vous devez venir au laboratoire et on vous demande d’improviser un exposé de 5 minutes sur vos faiblesses personnelles devant un pannel d’évaluateurs experts assis devant vous et pour s’assurer que vous ressentez bien la pression, vous êtes en pleine lumière, une caméra vous filme et de plus les évaluateurs ont été entraînés pour vous donner des signes non verbaux décourageants (bras croisés, visage fermé, moue désapprobatrice, soupirs…), maintenant que vous êtes suffisamment démoralisés, le temps est venu pour un test de maths pendant lequel l’examinateur a pour mission de vous harceler.

Exemple : Compter à l’envers de 999 de 7 en 7 le plus vite possible, l’examinateur intervenant pour dire que cela ne pas assez vite, plus vite puis faire recommencer à la moindre erreur en concluant à haute voix que vous êtes plutôt mauvais dans cet exercice…..

A ce point de l’étude, vous êtes sans doute un peu stressé : votre cœur palpite, vous respirez peut-être plus vite, vous transpirez….Et habituellement nous interprétons ces signes comme de l’anxiété ou comme de la difficulté à faire face à la pression. Et que se passerait-il si vous considériez que votre corps était énérgisé pour vous préparer à réussir ce défi ? C’est exactement ce qui a été dit aux participants de cette étude conduite à l’université de Harvard.

Avant le début de l’étude de stress social il leur a été demandé de repenser les réponses de leur corps comme étant positives : l’augmentation du rythme cardiaque vous prépare à l’action, si vous respirez plus vite, cela n’est pas un problème, cela apport plus d’oxygène à votre cerveau.

Les participants ayant appris à considérer ces réponses comme utiles, se sentaient moins stressés, moins anxieux, plus confiants et ce qui est fascinant c’est la manière dont leurs réponses physiques changèrent .

Dans une réponse physique typique au stress, le rythme cardiaque augmente et les vaisseaux sanguins se contractent (vasoconstriction) ce qui est une des raisons pour lesquelles le stress est parfois considéré comme un facteur de risque des maladies cardiovasculaires, il n’est pas très sain de rester dans cet état out le temps.

Le stress utile

Mais dans cette étude où les participants voyaient le stress comme utile, leurs vaisseaux sanguins restèrent détendus, leur rythme cardiaque augmentait bien mais sans vasoconstriction associée ce qui est une bien meilleure situation cardiovasculaire, cela ressemblait beaucoup plus à ce qui se passe pendant des moments de joie et courage.

Pendant toute une vie soumise à des expériences stressantes, ce changement biologique pourrait faire la différence entre une crise cardiaque due au stress à 50 ans et une vie en bonne santé jusqu’à 90ans.

Et c’est ce que révèle la nouvelle « science du stress ». Ce que vous pensez du stress est important ! Mon but a donc changé, je ne veux plus vous aider à vous débarrasser de votre stress, mais je vous vous aider à être meilleur avec votre stress.

Si vous avez répondu que vous avez été très stressé dans l’année qui s’est écoulée, j’espère que la prochaine fois que vous ressentirez du stress, vous vous souviendrez de cette conférence et vous penserez, c’est mon corps, qui m’aide à atteindre mon but et quand vous voyez le stress de cette manière, votre corps vous croit et les réponses biologiques au stress deviennent plus saine.

Il ne faut pas éliminer le stress !

Je voudrais vous parler maintenant d’un des aspects les plus sous évalués du stress : le stress vous rend sociable. Pour expliquer ce fait nous devons parler d’une hormone, l’ocytocine.

L’ocytocine a une influence neuronale, elle a un effet sur l’instinct social dans le cerveau, elle vous incite à des actions qui renforcent les relations sociales proches, elle vous fait créer des contacts physiques avec vos proches et votre famille elle améliore votre empathie elle vous rend même plus enclin à aider et soutenir les autres. Certains ont même suggéré que nous devrions « sniffer » de l’ocytocine pour devenir plus compatissant et mieux prendre soin des autres. Mais ce que l’on sait moins à propos de l’ocytocine c’est qu’il s’agit d’une hormone du stress la glande pituitaire la libère en réponse au stress, elle joue un rôle dans la réponse au stress comme l’adrénaline qui elle accélère le rythme cardiaque, et quand l’ocytocine est libérée elle vous incité à chercher de l’aide, votre réponse au stress vous pousse à exprimer votre ressenti plutôt que de l’enfouir. Votre réponse au stress fait que vous êtes attentif quand quelqu’un rencontre des difficultés afin que vous puissiez vous entraider. Quand votre vie est difficile, votre réponse au stress vous incite à vous entourer de personne sur lesquelles vous pouvez compter.

ocytocine3

Comment le fait de connaître cette composante du stress pourra vous garder en meilleure santé ? L’ocytocine agit non seulement sur votre cerveau mais aussi sur votre corps, et l’un de ses rôles principaux dans votre corps est de protéger votre système cardiovasculaire des effets du stress.

C’est un anti inflammatoire naturel, l’ocytocine permet aussi à vos vaisseau de rester souples pendant des périodes stressantes. Mais mon effet favori de l’ocytocine sur le corps concerne le cœur. Le cœur possède des récepteurs à cette hormone et l’ocytocine aide les cellules cardiaques à se régénérer et à récupérer des dommages liés au stress. Cette hormone du stress renforce votre cœur et ce qui est notable est que tous ces bénéfices de l’ocytocine sont renforcés par les contacts sociaux. Lorsque vous tendez la main dans les situations de stress, ou pour chercher de l’aide ou pour porter assistance à d’autres, votre corps relâche de plus grandes quantités de cette hormone et votre réponse au stress est plus saine et vous récupérez plus rapidement de cet épisode de stress. Je trouve extraordinaire que notre réaction au stress intègre un mécanisme de résistance au stress et que cela soit les relations sociales.

J’aimerais terminer en vous parlant d’une dernière étude et écoutez car cette étude peut aussi vous sauver la vie. Cette étude porte sur environ 1’000 adultes aux USA entre 34 ans et 93 ans. Une première question a été posée aux participants sur la quantité de stress à laquelle ils avaient été soumis dans l’année précédente.

Une deuxième question portait sur le temps que chacun avait passé à aider des amis des voisins ou d’autres personnes.

Les responsables de l’étude ont ensuite utilisé les données administratives des cinq années suivantes pour déterminer qui était décédé. La mauvaise nouvelle tout d’abord, tout épisode majeur stressant comme des difficultés financières ou une crise familiale augmente le risque de mourir de 30% mais cela n’est pas vrai pour tout le monde, les personnes qui avaient passé du temps à prendre soin des autres ne montrèrent aucun signe de risque accru. Prendre soin des autres crée de la résistance et l’on voit une fois encore que les effets négatifs du stress sur notre santé ne sont pas inévitables la notre manière de penser et notre manière d’agir peuvent transformer notre expérience du stress.

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Si nous choisissions de considérer nos réponses au stress comme étant utiles, nous créons la biologie du courage et quand nous choisissons de nous rapprocher des autres en cas de stress, nous créons de la résilience. Bien entendu je ne demande pas nécessairement à vivre plus d’expériences stressantes dans ma vie, mais cette science me donne une nouvelle appréciation du stress, le stress nous donne accès à notre cœur. Un cœur compatissant qui en nous connectant avec les autres nous permet de trouver du sens et de la joie et notre cœur qui bat et qui travaille si dur pour nous donner de la force et de l’énergie, et si nous choisissons de voir le stress de cette manière, nous ne sommes pas juste meilleurs dans notre manière de gérer le stress mais nous faisons un constat plus profond, nous réalisons que nous pouvons nous faire confiance pour gérer les défis de la vie et nous nous souvenons aussi que nous ne sommes pas obligés de leur faire face seuls.

Question de Chris :

Il me semble extraordinaire qu’une croyance puisse influencer autant sur l’espérance de vie de quelqu’un. Quel conseil pour un choix de vie, par exemple quelqu’un qui aurait le choix entre un emploi stressant et un autre moins stressant, a-t-il intérêt à choisir l’emploi stressant s’il pense pouvoir y faire face ?

Kelly :

On sait de manière certaine que choisir ce qui a du sens pour nous est meilleur pour notre santé que d’éviter les difficultés et l’inconfort et donc je dirais que c’est le meilleur moyen de prendre une décision, rechercher ce qui crée du sens dans notre vie et ensuite de nous faire confiance pour gérer les situations stressantes qui découlent de cette décision.